Atmosphère, atmosphère : la lumière dans la peinture, l’architecture et le design danois

Le Danemark est un pays où la lumière a toujours occupé une place centrale, tant dans l’architecture que dans l’art et le design. Les longues nuits hivernales contrastent avec les étés baignés de clarté, et cette dualité marque profondément la vie quotidienne ainsi que les arts et l'architecture. A travers les siècles, les peintres danois ont exploré la lumière sous toutes ses formes, jouant avec les fenêtres, les ombres et les reflets pour créer des œuvres d’une intensité unique. En architecture, on est conscient de cette lumière transversale propre aux pays scandinaves. Quant au design, le luminaire danois, avec Poul Henningsen (PH), n’a plus besoin de faire du marketing.
La lumière dans la vie de tous les jours
Une des premières choses qui frappe, c'est l'absence de volets pour la majorité des habitations. De plus, les fenêtres s'ouvrent dans le vide. L'absence de volets est en réalité une vieille tradition néerlandaise. Il ne faut pas oublier que les premiers architectes danois étaient des Néerlandais, venant notamment travailler pour la monarchie. A ce sujet, il faut bien sûr penser à Frédéric II et Christian IV.
Sous leurs règnes, il faisait beaucoup plus froid au Danemark que maintenant. Et je pourrais aussi ajouter qu'étant ici depuis plus de 30 ans, qu´il fait également plus chaud aujourd'hui que dans les années 90.
On a donc inventé la double fenêtre, pas le double vitrage, mais la double fenêtre : la première s'ouvrant vers l'intérieur et la deuxième vers l'extérieur. Il n'est pas rare d'en voir encore – et si vous visitez Copenhague avec moi, je vous en montrerai des exemples. En effet, ce type de fenêtre implique aussi une définition plus précise des pièces. On ne met jamais, par exemple, de plantes dans les chambres, alors qu'on met toujours beaucoup de bibelots dans la salle de séjour/salon. De même, la cuisine était toujours orientée au nord. A une époque sans réfrigérateur, cela avait du sens. Les Danois sont pragmatiques, il ne faut pas l'oublier.
Avec l'arrivée du double vitrage, bien sûr, on garde la fenêtre s'ouvrant sur l'extérieur. Et si elle n'a pas de frein intégré, on installe un crochet pour éviter de l’abîmer, souvent avec deux crans différents. Au Danemark, il y a du vent ! Donc, on fait attention.
La fenêtre et la lumière
On pourrait écrire un livre sur la lumière dans l’art danois. Comment la représenter et dans quel sens ? S’agit-il de montrer la lumière pénétrant dans un intérieur ou de montrer la lumière à l’intérieur ? Ainsi, on matérialise la différence entre une lumière changeante et une lumière plus permanente. Et puis, il y a bien sûr la lumière extérieure, que l’on retrouve notamment dans l’art du paysage. Pour illustrer cela, je prendrai l'exemple de quatre peintres, avant de mettre en avant quelques collections, dont la plupart peuvent être visitées avec moi.

Hammershøi : la poésie du silence
Vilhelm Hammershøi (1864-1916) est sans doute l’un des peintres danois les plus emblématiques de la lumière intrinsèque. Ses toiles sont souvent caractérisées par des pièces vides ou des figures silencieuses qui nous tournent le dos, et où la lumière naturelle, filtrée à travers des fenêtres, projette des ombres douces sur les murs ou les sols nus. Ce jeu subtil de clair-obscur crée une atmosphère de mystère et de contemplation. Son utilisation des teintes grises et de la lumière diffuse rappelle une certaine mélancolie scandinave, une invitation à l’introspection et à la lenteur.
La lumière est le sujet, mais il montre aussi ce moment précieux où le temps semble s’arrêter. Il illustre également la réflexion des objets, notamment celle de la fenêtre sur le sol. Notre regard et surtout notre cerveau perçoivent ainsi la lumière. Si l'on connaît les travaux de Michel Chevreul, indispensables à la compréhension de l’impressionnisme et de la peinture moderne, on sait que notre cerveau est capable de créer des éléments visuels qui ne sont pas directement réalisés par l’artiste.
Anna Ancher : lumière du Jutland
A l’opposé de l’austérité de Hammershøi, Anna Ancher (1859-1935) est connue pour ses scènes lumineuses inspirées de la vie quotidienne à Skagen, une petite ville de pêcheurs au nord du Danemark. Avec son mari Michael Ancher et d’autres peintres du cercle de Skagen, elle a su capturer la lumière si particulière de cette région, où le ciel et la mer se fondent dans des nuances éclatantes.
Ses peintures d’intérieurs sont baignées d’une lumière chaude et naturelle qui semble vibrer sur la toile, témoignant du lien impondérable entre l’humain et son environnement. Ici, plus besoin de fenêtre, la lumière est le sujet à part entière. Anna Ancher utilisera d’ailleurs la craie, une technique redevenue à la mode avec l’impressionnisme et qu’elle découvrira lors d’un séjour à Paris.
P.S. Krøyer : la magie de Skagen
Peder Severin Krøyer (1851-1909) a immortalisé la lumière estivale de Skagen dans certaines de ses œuvres les plus célèbres. Ses tableaux, comme Soir d’été sur la plage de Skagen, montrent des personnages marchant au bord de l’eau, baignés dans une lumière bleu argentée qui donne une impression presque surnaturelle. La manière dont il capte l’éclat du crépuscule et les jeux de reflets sur la mer témoigne d’une maîtrise exceptionnelle de la lumière naturelle.
Hammershøi, d’ailleurs, fut l’élève de Krøyer, qui notera dans son journal intime : "Je viens d’avoir un nouvel élève. Je ne le comprends pas, mais son style est intéressant et très personnel." Un compliment, car Krøyer lui-même était son opposé : extraverti et un habitué des cercles de la bonne société danoise. C’est lui qui rendra célèbre Skagen, ce qui agaçait Michael Ancher.
Martinus Rørbye : fenêtres et horizons
Martinus Rørbye (1803-1848) est un autre maître de la lumière danoise, notamment à travers ses peintures de scènes de voyage et d’intérieurs éclairés par des fenêtres. L’ouverture vers l’extérieur joue un rôle clé dans son œuvre, symbolisant à la fois l’évasion et la méditation. Ses compositions mettent en valeur la transition entre l’ombre et la lumière, soulignant le rôle fondamental de l’architecture. En effet, la position de la fenêtre par rapport à la lumière est essentielle pour la compréhension et l’appréhension de l’espace.

La lumière danoise aujourd’hui : entre héritage et innovation
L’influence de ces peintres se retrouve encore aujourd’hui dans la manière dont les Danois intègrent la lumière dans leur quotidien. L’architecture moderne, avec des entreprises comme Velux, perpétue cette obsession pour la lumière naturelle. Spécialisée dans les fenêtres de mansarde, Velux cherche à maximiser l’entrée de lumière pour créer des espaces de vie harmonieux et lumineux.
Cette passion pour la lumière se retrouve également dans le design danois, où des marques comme Louis Poulsen conçoivent des luminaires qui sculptent l’espace en jouant sur les contrastes et les nuances, prolongeant ainsi l’héritage des grands maîtres de la lumière.
Et en architecture, il faut nommer Henning Larsen, qui est l’architecte créant l’opéra de Copenhague, un bâtiment construit grâce au mécénat industriel. Henning Larsen est l’un des architectes les plus sollicités dans les années 80-90, qui sont des périodes de récession économique au Danemark, et surtout à Copenhague. Cependant, il aimait ces façades avec de grandes baies vitrées pour une lumière naturelle, et des lampes pour une lumière plus définie.
Un bâtiment exemplaire concernant la lumière est la Bibliothèque royale (le Diamant noir), qui vient de fêter ses 25 ans. Créée par Schmidt Hammer Lassen, cette bibliothèque joue sur l’ancien et le moderne avec subtilité. On passe notamment de la partie moderne à la partie ancienne sans réellement s’en rendre compte. Dans la partie ancienne, les luminaires de l’architecte Vilhelm Lauritzen donnent une lumière d’une grande élégance. Ces lampes sont tellement populaires qu’elles sont aujourd’hui des classiques.

Musées et lumière : où contempler ces œuvres
Pour admirer ces chefs-d’œuvre et découvrir la manière dont la lumière est traitée dans l’art danois, plusieurs musées de Copenhague et du Danemark offrent des collections remarquables :
- La Glyptothèque: Ce musée abrite une superbe collection d’art danois. La lumière naturelle y joue un rôle central, notamment grâce au jardin d’hiver. Henning Larsen est également l’architecte de la partie la plus moderne du musée, un bâtiment qui accueille notamment les collections françaises et les expositions temporaires. Sa construction a été rendue possible grâce à Carl Jacobsen, le fondateur de la collection, qui savait déjà que le musée serait « trop petit » dans l’avenir.
- Le Statens Museum for Kunst (SMK) : Le musée national des beaux-arts du Danemark expose plusieurs œuvres de Hammershøi, Krøyer et d’autres peintres danois ayant exploré la lumière sous toutes ses formes.
- Le Musée d’Art de Skagen : Situé au cœur de la ville qui a tant inspiré Krøyer et Anna Ancher, ce musée est un incontournable pour voir leurs peintures in situ, dans la même lumière qui les a inspirés.
- Le Musée Ordrupgaard : Ce musée expose des œuvres de l’âge d’or danois ainsi que des impressionnistes qui ont aussi influencé les artistes danois.
- La collection Villum : Ce petit musée situé à Søborg (banlieue de Copenhague) est une petite perle. Villum Kann Rasmussen était ingénieur et le créateur des fenêtres Velux, dont la réputation n’est plus à faire. Le musée présente une collection de fenêtres unique ainsi qu’une petite collection de peintures.
Conclusion : une lumière qui inspire
L’art danois a toujours entretenu un dialogue intime avec la lumière, qu’elle soit douce et intérieure comme chez Hammershøi, vibrante et solaire comme chez Anna Ancher, ou encore éclatante et marine comme chez Krøyer. Aujourd’hui, cet héritage artistique se reflète dans l’architecture et le design, confirmant l’importance de la lumière dans l’identité danoise. Observer la lumière au Danemark, c’est ainsi embrasser une histoire où l’art et la nature ne font qu’un.
Les visites
Ne pas proposer 50 itinéraires différents permet une chose : je connais mon sujet et me tiens à jour pour vous proposer une visite complète, intéressante, vous montrant le Danemark d’aujourd’hui.
Comment réserver et connaître les tarifs ? Cliquez sur « Réserver » sous chaque visite et vous accéderez directement à mon agenda et les détails des tours.
Vous ne trouvez pas votre bonheur ou hésitez entre deux types de visite ? Prévoyons un appel et nous tenterons de trouver une solution idéale en fonction de vos envies pour votre séjour à Copenhague ☺️

Les Incontournables
Un tour à pied où je vous fais découvrir le centre historique de Copenhague et son histoire. Si vous visitez Copenhague pour la première fois, ce tour est idéal pour un début de séjour réussi.

Visite guidée d’un musée de votre choix
C'est vous qui choisissez parmi les musées suivants, qui sont tous une deuxième maison pour moi : Louisiana, le musée des Beaux-arts SMK, BLOX/le Centre d'Architecture Danois, la Collection David, et mon préféré : la Glyptothèque.

Excursion à Odense
Je vous propose de plonger dans l'univers magique de Hans Christian Andersen à Odense le temps d'une journée. L’excursion comprend une visite guidée du musée éponyme et une visite de la ville ensemble. Nous prendrons le train pour profiter du paysage :)

Excursion à Roskilde
Partez pour une visite guidée à Roskilde, où vous découvrirez l'histoire riche et captivante de cette ancienne ville viking, explorerez son musée des bateaux vikings et admirerez la splendeur de la cathédrale gothique classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.